Message pastoral de Mgr Jean-Marie Lovey pour une Eglise de proximité

Publié le

26 octobre 2020
Hors Secteur pastoral

La récente encyclique, Fratelli Tutti, s’ouvre, dans son premier chapitre, sur les ‘’Ombres d’un monde fermé’’. Parmi ces ombres, le Pape François pointe la pandémie de Covid-19. Cette crise nous fait prendre conscience de notre appartenance à ‘’une communauté mondiale... où le mal de l’un porte préjudice à tout le monde ’’. De cette prise de conscience découle le pas suivant affirmé par le Pape avec la vigueur d’une certitude « Personne ne se sauve tout seul, il n’est possible de se sauver qu’ensemble » (N° 32).

Au moment où nos autorités sanitaires et politiques durcissent les mesures pour endiguer le mal, c’est un devoir pour nous, membres de l’Eglise et citoyens de ce pays, de faire corps avec les personnes qui en décident ainsi, pour le bien des habitants. On pourrait chercher les incohérences, les contradictions même dans les mesures édictées, et il y en a ; puis s’en plaindre, en faire un objet de réquisitoire, voire de querelle. De nombreux courriers que nous recevons témoignent de ce glissement possible, d’autres affirment qu’il faudrait arrêter momentanément toute activité pastorale. Entre deux, d’autres témoignent d’un chemin différent que je vous invite à emprunter : le chemin étroit de la proximité et du contact personnel ou en petits groupes. Une correspondante en donne le ton :

Il me semble que le temps est venu d'entrer en résistance, non pas contre les décisions des autorités qui doivent être scrupuleusement observées, mais contre cet esprit malin de division, sous la forme minime d'un virus, qui empêche les rassemblements communautaires qui sont le cœur de notre vie chrétienne, même s'ils n'en sont pas le tout.

Puisque le rassemblement de grandes communautés n'est plus possible pour... on ne sait pas combien de temps, formons de petites communautés, qui se rassemblent à 4,5,6 ...10 habitants de quartiers, d'immeubles, dans la plus grande prudence, pour partager l'évangile et prier ensemble.

A ce propos, il est opportun de constater qu’on peut tirer profit de la pandémie ; elle interroge la conscience des chrétiens qui pensent que leur prière ne peut se vivre qu’en présence d’un prêtre, le dimanche, et à l’église. La pandémie ébranle cette idée encore très présente et ouvre le champ d’une prière entre baptisés, aussi en semaine, et à la maison.

Suite à la première vague, le SDD a lancé une enquête en ligne et auprès de groupes, pour que nous puissions tirer parti de cette expérience. Il en ressort un fourmillement de réactions et de propositions.

Au moment où la pandémie nous empêche de nous rassembler en plus grande communautés, dans les églises paroissiales, ne manquons pas l’occasion des contacts individuels personnalisés.

  • Aux visites de familles pour lesquelles les prêtres n’ont souvent pas assez de temps disponible peuvent s’ajouter
    • La Communion à domicile. On peut convier les auxiliaires de l’Eucharistie qui après avoir participé à la messe sont envoyés par le curé auprès des absents pour apporter l’Eucharistie ;
    • Les visites personnelles notamment auprès des familles endeuillées ou en difficultés économiques ;
    • Des Messes de quartier, de maison, de famille. Sortons nos autels portatifs et faisons vivre l’Eglise domestique ;
    • Une invitation à méditer la Parole de Dieu en petits groupes ; « j’ai dévoré tes paroles elles ont fait la joie de mon cœur » (Jér 15, 16).
    • Une mobilisation des enfants qui dessinent pour les résidents EMS, les malades ;
  • Continuons à orner les églises, à inviter à la prière personnelle par les cloches qui sonnent aux heures habituelles de la messe ;
  • Rendons-nous disponibles pour aller sur le cimetière le 1er novembre simplement pour saluer individuellement les familles présentes, partager un bref temps de prière et un signe de sympathie.

La liste pourrait s’allonger, l’objectif étant de vivre la communion et l’unité, malgré tout, malgré la dispersion à laquelle nous obligent les mesures sanitaires. Puisque la communauté ne peut se rassembler en plus grand nombre, eh bien divisons-nous, puisqu'il le faut, mais pour nous répandre mieux, comme les grains de l'épi. Il serait fou, le cultivateur qui sèmerait des épis.

Cette image reprise de vos réactions nous encourage à porter sur la difficulté du moment un regard d’Espérance. N’est-ce pas là un des témoignages les plus urgents que les chrétiens ont à apporter au monde entier atteint par la tragédie de la pandémie ? La division ici est plutôt une démultiplication.

Ainsi pour la catéchèse, ou les différents groupes : on peut sans doute maintenir les rencontres, en divisant les effectifs. Cela demande du temps et de l'engagement, mais si nous ne le faisons pas, nous reconnaissons que ce n'est pas si important, puisqu'on peut aisément reporter, voire supprimer ces rencontres.

Comment ne pas remercier toutes les personnes qui s’engagent généreusement pour qu’à travers elles, l’Esprit Saint trouve le chemin des cœurs meurtris pour les consoler. ‘’Personne ne se sauve tout seul.’’ A l’intention des prêtres, dans ce sens, j’active le Can. 905 §2 selon lequel ils pourront célébrer 2 messes par jour, voire 3 les dimanches et jours de fête. Confiants en votre sens pastoral et ecclésial, en votre désir de servir chacun des membres de vos communautés, je vous redis ma gratitude et celle des membres de l’Ordinariat pour votre irremplaçable collaboration. Que le Seigneur entende notre prière quand elle demande que le monde entier soit libéré du mal.

Message pastoral en PDF

Vers l'article de cath.ch à ce sujet

Octobre 2020

+ Jean-Marie Lovey crb évêque de Sion.

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